Elections au Burkina: le manifeste des femmes rurales
Les femmees rurales du Burkina publient le manifeste suivant aux candidats aux élections
Un Burkina sans faim n’est possible qu’avec les Femmes Rurales
Chers leaders politiques,
Nous, femmes rurales vivant au Burkina Faso représentons plus de 7 millions de la population et vivons essentiellement d’activités agro-sylvo-pastorales.
Nous sommes les productrices agricoles, nous assurons plus de 60% de la production agricole, nous sommes présentes dans toute la chaine alimentaire, nous nourrissons le Burkina Faso et pourtant nous ne percevons que 4,3% des revenus agricoles.
Nous trouvons injuste qu’en dépit du rôle prépondérant que nous jouons dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage, de la transformation, continuions à vivre dans la pauvreté et voyons nos conditions de vie se dégrader de manière continue et inquiétante.
Nous, Femmes Rurales, n’avons ni accès ni droit à la terre, aux crédits agricoles et ne contrôlons pas les ressources et revenus. Les établissements financiers ne nous accordent pas de prêt car ne possédant aucune garantie à offrir en contrepartie.
Nous, femmes rurales, avons un faible accès aux connaissances techniques et matériels de productions agricoles (équipements, semences.), nous ne maitrisons pas les circuits commerciaux, truffés d’intermédiaires.
Aujourd’hui, nous faisons en plus face à l’invasion de produits importés en l’occurrence le riz et le lait qui compromettent nos efforts de survie. L’ouverture progressive de nos marchés sans protection ne nous garantit pas un lendemain meilleur.
Nous, Femmes ne sont pas présentes dans les instances et organes de prises de décision, même si les politiques publiques nous offrent une place de choix théorique dans leurs orientations stratégiques.
Chers candidats,
Malgré toutes ces contraintes auxquelles nous faisons face tous les jours, nous nous battons pour offrir au consommateur burkinabé un large choix de produits nutritifs et locaux afin d’assurer la sécurité alimentaire au Burkina, et nous pouvons faire plus !
Il est temps que cela change et le moment est venu de faire la révision du plan d’investissement dans l’agriculture en respectant les engagements pris à Malabo et en nous considérant comme des acteurs à part entière.
Nous voulons des budgets agricoles sensibles au genre avec une part importante consacrée aux Femmes Rurales.
Notre voix compte et nous allons l’attribuer au leader politique soucieux du devenir et des droits des femmes, qui intégrera nos préoccupations dans son programme et nous fera une promesse ferme d’améliorer notre statut de femme rurale et nous rejoindra dans la construction d’un Burkina sans faim.
Nous Femmes Rurales, en collaboration avec les différents partenaires de la campagne CULTIVONS vous demandons d’investir plus et mieux dans le secteur de l’agriculture, et de l’élevage en mettant en œuvre les mesures ci-dessous :
Mesure 1 – Accès et contrôle de la terre : Mettre en place un dispositif pour un accès équitable et sécurisé de la femme et respecter le quota des 30% de femmes bénéficiaires de parcelles dans les aménagements hydro-agricoles
Mesure 2 – Accès au crédit et à l’encadrement : Développer des produits financiers spécifiques et adaptés aux activités agro-sylvo pastorales des femmes et accroitre la formation et l’encadrement au profit des femmes rurales.
Mesure 3 – Accès aux matériels de transformation, de conservation et intrants : Faciliter l’accès aux équipements modernes et adaptés sensibles au genre à chaque filière (riz, lait, maïs, etc.) et faire respecter le quota de 50% de représentation des femmes dans la répartition du matériel agricole et des intrants subventionnés.
Mesure 4 – Accès aux espaces pastoraux : Généraliser l’application de la Loi N° 034-2009/An portant régime foncier rural notamment en son volet sécurisation des espaces pastoraux proches des sites et de la mobilité pastorale.
Mesure 5 – Accès aux ressources pour l’élevage et l’agriculture : Améliorer le taux de décaissement des dépenses agricoles et leur qualité en soutenant les filières alimentaires (maïs, sorgho, mil, etc.) et en accordant 30% des ressources allouées à l’Agriculture, au sous-secteur de l’élevage.
Mesure 6 – Disponibilité d’aliment bétail subventionné : Mettre en place des stocks de sécurité au niveau de chaque région et faciliter des systèmes d’approvisionnement en aliments bétail gérés par les organisations d’éleveurs et de femmes (respect du quota pour les femmes) ;
Mesure 7 – Fourniture des services vétérinaires : Assurer un accès permanent aux services vétérinaires de qualité dans les zones de production en augmentant le nombre de personnels d’encadrement (zootechnicien, vétérinaire etc.) et faciliter l’accès des femmes aux produits vétérinaires ;
Mesure 8 – Assistance technique sur les nouvelles techniques d’élevage : Accroître la formation d’agents communautaires de proximité sur les techniques nouvelles d’élevage notamment pour la mise- bas des animaux, la production d’aliment à bétail, les soins vétérinaires d’urgences…
Mesure 9 – Promotion et consommation des produits nationaux : Développer et mettre en œuvre une politique nationale de promotion de la consommation et de la commercialisation des produits agricoles nationaux (qualité, normes, prix incitatifs pour producteurs et abordables pour consommateurs, quota d’achat du riz national aux importateurs, régulation lait importé, développement d’infrastructures commerciales etc.).
Mesure 10 – Représentation dans les instances de décisions : Appliquer systématiquement les textes sur la représentativité des femmes dans les instances de prise de décisions (au moins 30%) notamment du Programme National du Secteur Rural. Elargir les comités de distributions des intrants et aliment bétail aux représentants des chambres d’Agriculture, des organisations féminines et de la Confédération Paysanne du Faso.
Chers leaders, Agissez maintenant en faveur des femmes rurales pour bâtir un Burkinsa sans faim !