Top 10 des réalités sur les inégalités hommes / femmes dans l’élevage
Des femmes leaders de l’APESS ont, du 17 au 19 décembre 2015 à Kombissiri (40 KM au Sud de Ouagadougou), au cours d’un atelier travaillé à contextualiser dans l’élevage ce qui a été identifié comme « les 10 réalités sur les inégalités entre les hommes et les femmes dans le monde agricole en l’Afrique de l’Ouest ».
Il faut reconnaître que dans nos sociétés, d’énormes et différentes inégalités sont repérables au sein des différentes couches et classes sociales ; aussi il est intéressant de s’exercer à les repérer et à bien les identifier afin de travailler à les résorber de manière idoine. Dans le secteur agricole en l’Afrique de l’Ouest, cela a été fait (les 10 réalités) dans le cadre de la « Campagne CULTIVONS » et constitue un instrument fort de plaidoyer pour une meilleure prise en compte des femmes dans les politiques agricoles. L’APESS a décidé de contextualiser cet outil dans l’élevage et pour ce faire elle a réuni en un atelier ses femmes leaders du Burkina, du Mali et du Niger sous la conduite d’une sociologue du développement, Mme Marthe DIARRA du Niger.
L’atelier de Kombissiri entre dans le cadre de la mise en œuvre par l’APESS des activités de la « Campagne CULTIVONS ».
C’est Mme Fatoumata BARRY, malienne, membre du Conseil d’administration de l’APESS qui a officié les cérémonies d’ouverture et de clôture de l’atelier ; elle avait à ses côtés Mme Hindatou N. AMADOU, Responsable du Plaidoyer/Lobbying & Genre au Secrétariat Général de l’APESS.
Aux termes de 72 heures de travail, les participantes à l’atelier ont repéré de nombreuses réalités sur les inégalités entre hommes et femmes dans le monde des éleveurs ; elles ont essayé de dresser le « Top 10 » de ces inégalités et ceci a donné les éléments suivants :
- Les femmes éleveures ne tirent l’essentiel de leurs revenus que des activités du secteur de l’élevage ;
- Les femmes éleveures disposent d’une faible capacité de mobilité hors de leurs sites d’habitation et ainsi ont peu d’opportunités économiques ;
- Les femmes éleveures gagnent moins d’argent que les hommes éleveurs ;
- Les rapports sur l’élevage ne prennent pas en compte la profession pastorale des femmes ;
- Les femmes éleveures sont entrain de perdre le contrôle du lait dans la gestion des biens familiaux et deviennent de plus en plus vulnérables ;
- Les femmes éleveures passent une grande partie de leur temps dans la réalisation des activités domestiques ;
- Les femmes éleveures sont désavantagées par leur faible niveau d’éducation et d’alphabétisation ;
- Les femmes éleveures occupent moins d’un quart des postes de responsabilité dans les organisations de la société civile ;
- Les modes d’accès des femmes éleveures au bétail sont en mutation avec une tendance générale à la baisse pour tous les modes d’accès traditionnels qui étaient plus favorables ;
- La déperdition des activités de cueillette et l’abandon de l’artisanat réduisent considérablement les sources de revenus pour les femmes éleveures.
Ce travail de contextualisation dans l’élevage des « 10 réalités » sur les inégalités entre les hommes et les femmes dans le monde agricole en Afrique de l’Ouest qui se mène sous le lead de l’APESS concerne aussi l’autre grand réseau des éleveurs à savoir le RBM (Réseau des Organisations d’Eleveurs et Pasteurs du Sahel « Billital Maroobe »). La consultante, Mme Marthe DIARRA, poursuivra la collecte des données avec le RBM afin de peaufiner et de finaliser la contextualisation dans l’élevage des « 10 réalités » sur les inégalités entre les hommes et les femmes dans le monde agricole en Afrique de l’Ouest.
Le produit fini servira de manière solide à engager des plaidoyers afin de résorber les nombreuses, injustes et préjudiciables inégalités entre les hommes et les femmes dans l’élevage ; l’APESS et le RBM s’en sont engagés.
Bio-express de la consultante Marthe DIARRA :
Nigérienne née en 1955, sociologue du développement, elle est titulaire d’un DEA en Sociologie du développement de l’Université de NANCY II, d’un DESS en Gestion et d’une Maîtrise en Sociologie du travail de l’Université de TOULOUSE I .
Consultante indépendante depuis 2002, Marthe DIARRA a été attachée de recherche à L’Institut de Recherches en Sciences Humaines de l’Université de Abdou Moumouni de Niamey de 1982 à 2002 ; elle est spécialiste en développement rural, en socio économie, en genre, en action recherche et capitalisation et en formulation et évaluation de projet de développement.
Marthe DIARRA a mené de nombreuses études et conduit de nombreux ateliers, notamment au Bénin, au Burkina, au Burundi, au Congo (RDC), en Côte d’Ivoire, en Guinée, au Mali, au Niger et au Tchad ; elle est auteure de nombreuses publications.